J’ai reçu récemment un courriel d’une société « MyCercle » m’indiquant :
Y-a-t-il une fracture numérique entre les cabinets d’avocats français et leurs clients ?
MyCercle publie une étude sur les pratiques numériques des cabinets d’avocats français.
Réalisée auprès de 1840 cabinets d’avocats dans 13 barreaux, cette étude met en lumière que la grande majorité des cabinets utilisent encore très peu internet pour dialoguer avec leurs clients et qu’ils le font de manière peu sécurisée.
Mais la situation est susceptible d’évoluer rapidement du fait de cabinets qui ont parfaitement pris le tournant numérique, de la pression de nouveaux acteurs (‘legal techs’) et des attentes des clients en matière de proximité et de sécurité.
Le communiqué de presse indique :
Le Dialogue Numérique des Cabinets d’Avocats avec leurs Clients
10 mars 2016 –
MyCercle a conduit pendant l’hiver 2015 2016 une enquête couvrant 1840 cabinets d’avocats de tous les types : des plus petits aux plus importants. Rappelons que 60.200 avocats exercent en France dans 29.500 cabinets.MyCercle a étudié l’équipement numérique de chacun des cabinets de l’échantillon, et notamment s’il possède un site internet et s’il dispose d’un extranet sécurisé, c’est-à-dire s’il propose à ses clients un espace client. Une partie de l’étude s’est faite par tirage au sort sur l’ensemble des cabinets, à partir des listes des différents barreaux, pour disposer d’un échantillon représentatif de la moyenne des cabinets. Une seconde partie de l’étude s’est attachée à des ensembles plus restreints de cabinets, pour comparer leur comportement à la moyenne : grands cabinets, membres de réseaux d’avocats, barreaux spécifiques. Les données obtenues pour les cabinets d’avocat ont été autant que possible comparées au niveau d’équipement d’autres structures que les cabinets d’avocat.
J’ai donc téléchargé l’étude depuis le site MyCercle et la partage ici puisqu’elle est sous licence Creative Commons version 4.0 (résumée ici). Aucune modification n’a été apportée à ce document, bien entendu : Télécharger l’étude MyCercle
Je précise aussi que mon cabinet n’a pas été consulté pour l’étude bien que le barreau de Poitiers figure dans la liste des barreaux consultés. J’ignore qui a été consulté à Poitiers.
La conclusion est simple : les avocats accusent un gros retard numérique et les échanges sont très peu sécurisés. Mais ce que l’étude ne dit pas, et c’est dommage, c’est que le niveau de sécurité peut aussi dépendre fortement du niveau de sécurité de celui qui les reçoit. Si je chiffre un courriel que j’envoie et que mon destinataire ignore ce qu’est une clé de déchiffrement, il ne pourra jamais lire mon courriel… Alors il ne reste plus à l’avocat qu’à investir dans un espace client, coûteux et inutile pour l’immense majorité des cabinets.
Bonne lecture.
- Voyez aussi l’article Les Echos Business.
Bonsoir Frédéric
J’ai une clef gpg. J’ai essayé de t’envoyer un mail chiffré, sauf que c’est impossible tant que je n’ai pas ta clef publique. Donc aucun risque pour le moment que je t’adresse un mail chiffré que tu ne saurais lire 😉
Donc soit tu as déjà une paire de clef et auquel cas je serais ravi de correspondre avec toi en utilisant ta clef publique. Soit tu n’en n’a pas et auquel cas il est grand temps de t’en forger une 😉
Bien amicalement
Pierre
J’ai même plusieurs clés GPG !! Mais à quoi bon s’en servir quand le correspondant ne l’utilise pas ? J’en ai eu deux qui l’utilisent dans toute ma carrière, dont toi, et tu ne fais pas partie de mes clients !! (ce qui n’empêche pas que nous aurions bien fait tous les deux quelques procès, juste pour l’honneur, rien que pour botter le train arrière de certains…) 😀
Bonjour,
je pense qu’il y a même une facture numérique entre la justice et les français. Les lois ne prennent pas en compte ces nouveaux usages. Apporter un échange de mail comme preuve est extrêmement difficile, pourtant c’est le mode de communication le plus utilisé, il n’y a qu’à voir la chute de vente des timbres de La Poste…
MCC,
Merci de votre réaction à mon article.Je suis tout de même étonné que vous trouviez que les courriels soient problématiques. Pour ma part, j’en fais état dans les dossiers chaque fois que la situation l’impose, à condition bien sur que le client utilise ce mode de communication.
Là où je suis toujours étonné, c’est de constater que certaines entreprises sont encore allergiques au numérique (par exemple les entreprises de bâtiment ou les artisans en bâtiment), alors que cela pourrait leur sauver la mise à bien des égards. Je les conseille toujours en ce sens.
Vbd.
Oui enfin …. faut voir !!
Après avoir été très « early adopter » sur certaines technologies, notamment dans l’informatique, désormais j’explique autour de moi que le journal papier est une technologie (parce que oui, c’est aussi une technologie) qui a 25 ans d’avance sur le dernier ibidule et les derniers trucsandroïd.
Généralement je surprends quand je balance cette affirmation. Et pourtant je confirme : le journal papier est désormais *la seule* technologie qui permet de « consommer » de l’information sans être tracé. Sans être tracé sur le journal que vous achetez et sans être tracé dans les articles que vous lisez et les articles que vous ne lisez pas.
Je ne suis pas loin de penser que la bonne lettre papier est tout aussi « secure » qu’un mail chiffré avec GPG. C’est d’ailleurs tellement vrai que les auteurs du protocole internet ont prévu le coup de la transmission de données par pigeons voyageurs. Suffit d’attacher à la patte de l’animal une carte µSD chiffrée pour envoyer des données en toute sécurité. Le RFC a bien été écrit, même si c’était juste pour rigoler car mis en ligne un 1er avril.
http://www.faqs.org/rfcs/rfc2549.html
Il y a même eu une mise à jour de cette RFC !!!
Sauf que désormais quand je vois que plus de la moitié du CAC 40 met désormais ses données chez Office 365 (qui fait désormais le lien avec Linkedin) ou chez Google Docs, je ne rigole presque qu’à moitié.
Les bonnes vieilles méthodes ont aussi parfois du bon 🙂
Bonne journée
C’est vrai que le papier ne permet pas d’être tracé, mais quel que soit le support, on peut toujours être tracé. Tout dépend en fait du niveau de protection qu’on y met.
Par facilité et en raison de la convivialité des outils, on confie facilement ses données à des tiers (Office 365, Google, etc.). Si la sécurité était conviviale, tout le monde utiliserait des systèmes parfaitement sécurisés. Il reste donc un gros travail à faire sur ce point.